Véronique
Ovaldé, Le sommeil des poissons
« Si
vous n'avez pas d'homme pendant la saison gaie, ce ne sont pas les
pluies qui vous en ramèneront un. Et, quant à les retenir, ça fait
longtemps que les madous en ont abandonné l'idée – elles les
regardent partir avec des airs évaporés, des airs de princesses à
deux doigts du coma, mais aucune d'elles bien sûr ne les voudrait
dans ses jupons à temps entier. Oh non, les hommes se sont des
charges lourdes, ça demande beaucoup et ça donne trop peu [...] »
Véronique Ovaldé, Le sommeil des poissons, Éditions du
Seuil, 2000.
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Cela
n'a pas été facile de choisir le premier livre dont j'allais parler
mais finalement, j'ai décidé d'évoquer cet ouvrage, Le sommeil
des poissons.
Mon
histoire personnelle avec ce livre est le récit d'un hasard. J'étais
dans la librairie de mon quartier, en quête de quelque chose à me
mettre sous la dent pour les vacances quand mes yeux ont été
attirés par ce titre étrange. Le sommeil des poissons. Cela ne veut
rien dire, ça. La façon dont les mots roulaient sur ma langue et
mon palais était tellement plaisante que je suis repartie avec sans
même lire la quatrième de couverture. Or c'est quelque chose qui ne
m'arrive que très rarement, voire jamais.
Je ne pourrais te résumer l'histoire sans t'en dire trop. Sache seulement que c'est une histoire d'amour hors du commun. L'action prend place sur le Mont Tonnerre, un lieu particulier hors du temps où il pleut la plus grande partie de l'année. Les averses font partir les hommes et laissent le champ libre aux femmes qui deviennent maîtres de leurs vies. C'est dans cet endroit que vont se rencontrer la mano triste et Jo géant.
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C'est un récit très court mais il se laisse le temps de nous dérouter. Par exemple, c'est une histoire que j'ai absolument adoré mais ma mère n'a pas pu aller jusqu'au bout. En effet, l'auteur a choisi de raconter son histoire à la façon d'un conte oral. Elle a un ton très affectueux avec ses personnages qui fait que nous ne pouvons que les apprécier également. L'univers sombre et pluvieux du Mont Tonnerre est rehaussé de couleurs par ce ton léger et par les jupons bariolés des femmes étranges qui vivent sur ce mont. Les madous-madous – c'est leur nom – me font penser à une horde de petits poussins que se seraient pris de la poussière de craies colorées lors d'un festival en Inde.
Conte
aux accents sombres et cruels, Le sommeil des poissons est un
livre qui a su me séduire par son originalité. Je n'ai jamais rien
lu d'autre de Véronique Ovaldé, par conséquent, je ne sais pas si
le reste de ses écrits est teinté du même ton étrange que son
premier roman. Je tiens néanmoins à préciser que cet ouvrage a été
récompensé du prix du meilleur roman des lecteurs de points en
2014, ce qui doit toujours faire plaisir quand on est auteur.
Je
ne sais que dire de plus. A bientôt pour un nouveau titre. Je pense
d'ailleurs qu'il s'agira de L'amour à perpétuité de Jeanne
Champion. Bonne nuit.